Le 19 mars ...

19 mars 1474

Le Sénat de Venise vote la première loi européenne sur les brevets connue sous le nom de "parte veneziana", même si déjà étaient accordés des privilèges.
Encore une fois la Sérénissime est en avance à une époque ou apparaît l'imprimerie qui va jouer un rôle primordial dans la diffusion de idées et des innovations et où se développent les échanges commerciaux.

"Il y a dans notre ville des hommes particulièrement ingénieux, capables d'imaginer et de mettre au point les choses les plus diverses; étant donné le prestige et l'hospitalité de notre cité, leur nombre ne cesse de croître. Ces hommes pourraient donner libre cours à leur talent, inventer et fabriquer des choses dont notre Etat pourrait tirer un immense profit si l'on veillait à ce que leurs oeuvres et leurs découvertes ne soient pas copiées par d'autres personnes susceptibles de les voir et à ce qu'il ne soit pas porté atteinte à leur honneur d'inventeur.

C'est pourquoi l'on va décider que, par l'autorité de ce Conseil, quiconque fera dans cette ville une nouvelle et ingénieuse invention, jamais exécutée auparavant dans notre territoire, aussitôt qu'elle sera portée à perfection manière à pouvoir l'user et exercer, il sera tenu de la donner en note à notre Office des "Provveditori de Comun".
Etant interdit à qui que ce soit en n'importe lequel de nos territoires de faire tout autre invention ayant forme et ressemblance de celle-ci sans le consentement préalable et la licence de l'auteur, et cela pour dix années."

19 mars 1518

L'Assomption de la Vierge, peinte par Tiziano Veccellio est installé sur le retable du maître autel de l'église des Frari.


Il y a bien des choses à dire sur ce tableau. D’abord la couleur : le rouge de la robe de la Vierge est important certes, mais tout aussi remarquable est le ciel d’orage jaune derrière elle avec Dieu qui domine dans un drapé noir horizontal qui arrête l’élan de la Vierge.

Ce n’est pas un tableau paisible, c’est une tempête, une dégringolade d’anges joufflus éclairés par la lumière crue du soleil avant l’orage. Il y a même un petit ange qui perd pied : son orteil vient chatouiller le crâne de l’apôtre qui regarde la vierge s’envoler.
Cette petite jambe espiègle semble faire la liaison entre le monde matériel des apôtres tout alourdis dans leurs tuniques drapées et le monde mystique des êtres célestes.
Le Titien se sert du contre jour pour souligner un bras qui pointe et interroge, des mains qui se tendent et voudrait attraper tout ce qui s’envole.

Les corps sont lumineux, mais les ombres sont dures. Rien de naturel dans cette scène, qui nous paraît au premier abord un peu ridicule (osons le dire) c’est une mise en scène avec spots violents et danseurs de tout age, vieux barbus ou chérubins, tous s’affolent autour de la Vierge qui a peine à lever les bras tant le vent alourdit son voile et entrave ses gestes.